«Venez, hommes insouciants et compagnons / vous qui avez en horreur le travail / amis de gras et bons morceaux / ennemis de la gêne et de la pénurie / (...) venez tous, allons en Cocagne / où plus on dort et plus on gagne.»¹
Ces premiers vers d’un poème italien qui invitent au pays de Cocagne datent de la Renaissance. Le mythe est bien antérieur, puisqu’on le retrouve dans l’Antiquité, notamment chez Hérodote. La contrée d’abondance est généralement dépeinte comme une parodie du paradis où prédominent oisiveté et avidité. Or, ces conditions paradisiaques, sans menace de pénurie à l’horizon, éveillent la méfiance. Elles doivent cacher quelque chose. Un tel pays peut-il exister dans le monde réel?
Pays de cocagne et science-fiction
La science-fiction a récemment remis le thème au goût du jour en évoquant des mondes post-pénurie. Les futurs imaginés regorgent de technologies comme la production automatisée, théoriquement en mesure de tout fabriquer en abondance (si les matières premières et l’énergie existent en quantité suffisante, bien sûr). Une autre technologie d’abondance est l’impression 3D. Précurseur dans ce domaine, Adrian Bowyer a inventé l’imprimante 3D RepRap, capable de s’autoreproduire. Il pense que le prix de ce type de machines finira par atteindre zéro, car toute personne qui en possède une peut en réaliser et en mettre sur le marché une infinité d’autres.
Et d’où viennent les matières premières? De l’espace, évidemment. Différentes jeunes entreprises préparent l’extraction de ressources sur des astéroïdes, ce qui relevait jusqu’à récemment de la plus pure science-fiction. Bien que ce ne soit pas encore rentable, les perspectives sont alléchantes. Ainsi, « (16) Psyche », un astéroïde massif, contiendrait assez de fer et de nickel pour couvrir nos besoins pendant des millions d’années.