Leur nouveau projet, baptisé «Héritage pour le futur», consiste à riposter contre les catastrophes climatiques. Et ça urge, affirment ces petits-enfants d’Alfred de Quervain, l’un des tout premiers climatologues au monde. Comme le relève Daniel Meili, «certaines personnes restent sereines face à la perspective d’une disparition prochaine des deux tiers de l’humanité. Or, ce n’est pas la perspective la plus réjouissante à mes yeux.» Ils appellent donc les gens qui ont de l’argent à «investir activement dans la lutte, à titre privé comme en usant de leur influence à l’échelon politique».
Les frères Meili, qui soutiendront la campagne en faveur de
l’Initiative pour les glaciers, cherchent d’autres personnes fortunées pour investir avec eux dans des projets à fort effet de levier — des projets nécessitant des apports de capitaux à partir de 50, 100, voire 500 millions de francs. Daniel et Martin sont convaincus de pouvoir réunir suffisamment d’argent, car tout individu un tant soit peu informé sur les changements climatiques le sait: «Aujourd’hui, attendre de mourir pour transmettre sa fortune revient à tirer la chasse d’eau dessus. C’est maintenant que nous devons investir dans l’avenir, et non quand le désastre se sera produit.» Ils n’ont pas envie de placer leur argent dans des fonds labellisés «durables», même s’ils ne les considèrent pas comme fondamentalement mauvais: «De tels fonds peuvent faire du bien à la conscience, mais il s’agit encore du marché normal des capitaux, le plus souvent coté en bourse, qui se présente sous un angle un peu plus propre, un peu plus équitable. Pour les vingt années à venir, au cours desquelles beaucoup de choses vont changer, c’est largement insuffisant.»
Les frères Meili sont déjà en contact avec un autre grand héritier: Tobias Rihs. Cet architecte de cinquante ans est l’un des deux fils de l’entrepreneur Andy Rihs, décédé en 2018. Lui-même entrepreneur, il a géré le club éphémère «Dachkantine», à Zurich, entre 2003 et 2006. Il a aussi cofondé le site de baignade
«Seebad Enge» et réalisé le hammam
«Stadtbad». Depuis quelques années, Tobias Rihs, son épouse et leur enfant vivent au Portugal, dans une ancienne ferme qu’ils ont rénovée et transformée de leurs mains. Une activité parmi d’autres, une autre étant l’investissement. M. Rihs parle de manière assez ouverte de son héritage: «À cet égard, je suis sûrement plus étasunien que suisse. D’autre part, j’aimerais devenir une source d’inspiration.»