Avoir des modèles est une chose inspirante et motivante, mais ce n’est pas assez. «Il ne suffit pas de lancer des programmes de diversité», écrit Iris Bohnet, professeure suisse à Harvard, dans son livre «What Works». De tels programmes pourraient même avoir des effets pervers, car les gens ont tendance à surcompenser les bons comportements. Songeons à une personne qui prend les escaliers plutôt que l’ascenseur et, une fois en haut, pour sa pause café, s’offre un deuxième croissant en guise de récompense. Iris Bohnet, qui est également membre du conseil d’administration de Credit Suisse Group, pointe du doigt la façon dont les stéréotypes favorisent inconsciemment les hommes tout en entravant les femmes. Dans le cadre d’une expérience, des étudiantes et étudiants ont considéré qu’Alain était plus compétent qu’Aline, alors que seul le prénom différait dans le dossier. Dans notre inconscient, à la tête d’une banque, il y a forcément un homme. Qu’y faire? Non pas changer les femmes, mais adapter les règles du jeu, répond Mme Bohnet. Par exemple, depuis que leurs candidates et candidats jouent derrière un rideau, des orchestres étasuniens de renom ont embauché beaucoup plus de femmes. Un simple écran visuel a doublé le réservoir de talents.