Beaucoup d'idées philosophiques venaient à Friedrich Nietzsche pendant qu'il randonnait. Ainsi a-t-il écrit, dans «Humain, trop humain» : «Celui qui veut seulement dans une certaine mesure arriver à la liberté de la raison n'a pas le droit pendant longtemps de se sentir sur terre autrement qu'en voyageur — et non pas même pour un voyage vers un but final : car il n'y en a point.» Aujourd'hui, cette devise s'est presque inversée : si l'on peut voler d'un point A à un point B en demeurant quasiment immobile sur un siège, seule la destination importe. Rester en place ne convient pas à l'apprentissage de matières intellectuelles. Pour s'en convaincre, il suffit de voir à quelle vitesse on oublie les acquis.
De nombreuses recherches ont montré que c'est en se mouvant que l'on s'instruit le mieux, mais la plupart des écoles d'Etat continuent d'imposer des cours magistraux auxquels on assiste sur une chaise et devant un pupitre. Il est pourtant évident qu'apprendre en bougeant est la meilleure prévention contre le manque croissant d'exercice physique, les difficultés de concentration et l'excédent de poids chez des enfants. Plutôt que de gaver ces derniers de Ritaline et de les adapter ainsi à la structure, une solution plus saine consisterait à modifier une offre inadaptée. Des concepts pédagogiques déjà anciens intègrent naturellement le mouvement au quotidien scolaire, ne serait-ce que dans les préceptes de Rudolf Steiner ou Maria Montessori. Avec «L'école bouge», l'Office fédéral du sport avait élaboré un programme d'activité physique, mais des mesures d'économie l'ont jeté aux oubliettes début 2017.