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01.12.2022 par Simon Rindlisbacher

Une part de bonheur

Diakonische Stadtarbeit Elim est une œuvre sociale diaconale implantée au cœur de la ville de Bâle. Elle accompagne des personnes dépendantes, sans domicile fixe et migrantes. La Banque Alternative Suisse a contribué significativement à l’offre variée d’Elim. 


Article de la BAS
Article du thème Le bonheur
Photo: mad
Avec ses différents secteurs d’activité, l’œuvre sociale diaconale urbaine Elim s’occupe de personnes dépendantes, réfugiées, dans le besoin ou qui ont simplement besoin de parler avec quelqu’un.

Avoir un toit sur la tête et pouvoir compter sur d’autres gens. Sortir de la solitude et se sentir accepté-e malgré la maladie. «D’après ce que je ressens, voilà la signi­fication du bonheur pour les personnes que nous accueillons chez nous», avance Francesco Hengartner. Par «chez nous», entendez l’œuvre sociale Diakonische Stadtarbeit Elim, à Bâle. Membre de la direction, M. Hengartner est responsable de l’accompagnement ambulatoire et du projet «Renofair». Au centre de la cité rhénane, Elim travaille à l’intégration de gens en marge de la société. Elle prend en charge des personnes souffrant de dépendance ou sans-abri et leur offre un accompagnement, des soins et un hébergement. Elle gère des logements sociaux, soutient des demandeuses et demandeurs d’asile ainsi que des migrant-e-s. Chez Elim, la plupart trouvent précisément ce qui leur manque: dialogue, reconnaissance et développement de leurs compétences, un pas après l’autre. La sortie de la dépendance ou d’une situation précaire demeure un but même si elle requiert un peu plus de temps. En résumé, Elim offre une part de bonheur. 


Pérennité de l’activité grâce à une solution de financement originale 
Les bâtiments occupés par Elim ont longtemps abrité une maison de retraite avec des appartements. Quand elle a cessé son activité, l’association de diaconie Ländli a pu reprendre les lieux. Des contacts avec Michel Pickmann, médecin-chef à la clinique psychiatrique universitaire de Bâle qui avait contribué à mettre en place la clinique de désintoxication, ont abouti à la création de l’association Diakonische Stadtarbeit Elim en février 1997. Elle a pu disposer de l’ancienne maison de retraite pour un travail à bas seuil en matière de toxicodépendance. Une fois le contrat de bail entre Elim et Ländli échu mi-2007, la suite des activités d’encadrement 
stationnaire de l’association est devenue incertaine, car les bâtiments allaient être vendus. Si l’histoire ne s’est pas arrêtée là, c’est entre autres grâce à la Banque Alternative Suisse (BAS), qui a proposé in extremis une solution de financement originale. Elim a ainsi pu acquérir les immeubles dans le cadre d’une fondation. Pour ce qui était des fonds propres requis, la BAS s’est montrée plus souple que les autres banques. «À l’époque, cela m’a fait l’effet d’un miracle», se souvient Francesco Hengartner. Elim n’existerait pas sous sa forme actuelle sans cet heureux rebondissement. 

Un foyer pour près de 90 personnes 
Elim occupe aujourd’hui un complexe de sept immeubles. Dans la maison qui porte son nom, l’association propose à des personnes toxicodépendantes un logement accompagné à bas seuil. L’objectif consiste à stabiliser leur situation, afin qu’elles puissent de ­nouveau assumer elles-mêmes davantage de responsabilités. Après avoir recouvré une stabilité suffisante dans la maison Elim, les résidentes et résidents peuvent emménager dans leur propre appartement, où une ­personne de référence d’Elim assure un suivi plus ou moins intensif selon les cas. Celles et ceux qui ont ­besoin de soins en raison d’une longue dépendance et des ­maladies qui en résultent peuvent être pris-es en charge par Elim Care. Les autres secteurs ont aussi la possibilité de recourir à ce service interne d’aide et de soins. Elim héberge près de nonante personnes en tout, mais ­l’association ne fait pas que mettre des logements à disposition: elle est également active dans le travail de proximité et de conseil dans les rues. De plus, cinq jours par semaine, les personnes sans domicile fixe sont accueillies au Café Elim. Outre s’y détendre, boire et manger gratuitement, elles y trouvent toujours quelqu’un à leur écoute. Enfin, lors de portes ouvertes, Elim soutient aussi des migrant-e-s en leur proposant des cours d’allemand et une bourse de l’emploi. 
Le canton contribue financièrement à la maison Elim, à Elim Care et au logement encadré ambulatoire, sur la base d’un contrat de prestations. Tous les autres projets sont financés par des dons et souvent mis en œuvre par des bénévoles. Une activité supplémentaire devrait bientôt voir le jour: Elim prévoit une offre d’hébergement et d’encadrement stationnaire pour des gens qui obtiennent difficilement une place dans les structures ordinaires. Francesco Hengartner relève que dans le jargon actuel, on en parle comme de «personnes qui font exploser le système». «Pour ce projet, nous recherchons un bâtiment où héberger seize à vingt personnes.» Les logements disponibles étant rares à Bâle, il est compliqué de trouver un lieu adéquat, ajoute-t-il. 

Une offre unique et complète 
Elim allie les principes pédagogiques et sociothérapeutiques aux normes professionnelles du travail social ­chrétien; l’œuvre d’accueil à bas seuil vise l’abstinence. Ainsi que l’explique M. Hengartner, «notre structure est très variée et conçue de manière holistique. Couvrir tout le spectre, du travail de rue à l’hébergement résidentiel et ambulatoire, est unique». L’association donne de l’espoir grâce à des entretiens et à des accompa­gnements. Elle encourage en outre à mobiliser ses propres ressources au moyen de différentes offres dans la structure de jour. Les résidentes et résidents sont ­incité-e-s à accomplir de petites tâches: par exemple travailler à la cuisine du réfectoire de la maison Elim, ­s’occuper de l’intendance ou nettoyer les locaux. Le Café Elim propose également plusieurs activités. Les résident-e-s peuvent notamment participer à la distribution des repas avec le personnel bénévole et intégrer ainsi l’équipe d’accueil. Elles et ils apprennent beaucoup de choses et retrouvent leur autonomie dans la vie quotidienne. Il leur est ensuite possible de réintégrer en douceur le monde du travail dans le cadre du projet «Renofair» d’Elim. Ce dernier effectue des tâches d’entretien et de rénovation, en particulier dans les bâtiments d’Elim, mais aussi pour des tiers. 

Bonheur et malheur, deux faces d’une même pièce 
Parmi les personnes employées depuis longtemps par Elim, certaines y sont entrées en tant que résident-e-s. C’est le cas de Francesco Hengartner. Toxicomane il y a vingt-deux ans, après être passé par une cure de ­désintoxication, il a rencontré des gens d’Elim dans la rue, à Bâle. La foi qu’il a trouvée l’a aidé à s’en sortir. Après deux années de participation bénévole au travail de rue, Elim l’a engagé. Il a suivi une formation d’éducateur social et a intégré l’équipe voilà dix-sept ans. Depuis lors, il a rejoint la direction. «Pour moi, travailler ici est une façon de redonner un peu de ce que j’ai moi-même reçu», sourit M. Hengartner. Son activité auprès d’Elim lui a fait croiser de nombreux destins. «Chez nous, la frontière entre bonheur et malheur est très poreuse», constate-t-il. La mort de personnes qu’il accompagne fait ainsi partie de la réalité de son travail. «Et récemment, un homme a dû se faire amputer d’un pied à cause de sa dépendance à la drogue.» Si de telles situations ont de quoi rendre très triste, elles sont compensées par les moments où un changement positif intervient dans la vie des gens. «Voir quelqu’un évoluer favorablement procure beaucoup de bonheur. On se dit que cela ­valait la peine d’y croire.»
* Elim a déjà été ­présentée dans le rapport annuel 2013 de la BAS («Une oasis en plein Petit-Bâle»). Le portrait ci-contre est une version actualisée du texte de l’époque. 

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