EXPLOITER LES ANIMAUX?

De l’essor de l’alimentation végétarienne à l’initiative contre l’élevage intensif, en passant par Henry, le boeuf qui veut vivre.

Illustrations: Claudine Etter

Moneta #4-2021
Editorial

Un tournant dans l’agriculture?

Manger végétarien ou végétalien est tendance. De plus en plus de personnes – surtout des jeunes – renoncent à la viande ou même à tous les produits d’origine animale. Certaines le font pour préserver le climat et les ressources naturelles, d’autres par compassion pour les animaux. Car avant d’arriver dans nos assiettes, les veaux, porcs ou poulets passent souvent leur courte vie dans des conditions inadaptées aux besoins de leur espèce, voire cruelles. L’élevage intensif a abaissé la relation millénaire entre humains et animaux de rente à son niveau le plus bas: en matière de surexploitation, difficile de faire pire que la production animale dite «industrielle».

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L’envol de l’alimentation végétarienne et végétalienne révèle-t-il un changement fondamental dans cette relation? Sommes-nous à l’aube d’une évolution qui nous amènera à traiter les animaux de façon plus respectueuse, moins abusive des animaux? moneta l’a demandé à Friederike Schmitz. Cette philosophe et spécialiste de l’éthique animale nous explique la raison pour laquelle la transformation de l’agriculture et de l’alimentation doit être systémique, et pourquoi il est temps de poser des jalons politiques. Le peuple devra choisir quand il votera sur l’initiative populaire «Pas d’élevage intensif en Suisse», sans doute l’automne prochain. Le texte exige la suppression de l’élevage intensif dans notre pays et vise à inscrire de meilleures normes de protection des animaux dans la Constitution fédérale.

De plus en plus d’agricultrices et agriculteurs les appliquent d’ailleurs déjà, comme Christian Hofer: «Nous sommes allés trop loin dans l’exploitation des animaux», déclare l’agriculteur vaudois dans ce numéro de moneta, à propos de l’élevage industriel. M. Hofer se tourne vers l’agriculture régénératrice et produit du bœuf de pâturage issu de l’élevage de vaches allaitantes. Des collègues à lui font quelques pas de plus en se consacrant entièrement au végétal. Bon nombre bénéficient du soutien de Sarah Heiligtag, éthicienne et agronome, qui a conseillé près de 70 domaines pour leur reconversion ces dernières années. moneta l’a accompagnée à l’un de ses entretiens de conseil.

Que se passerait-il si l’agriculture suisse renonçait largement à produire de la viande et du lait pour miser sur la culture de plantes protéagineuses destinées aux humains? Est-ce possible? Si oui, comment? Ce numéro de moneta vous donne des réponses. 

Katharina Wehrli, rédactrice en cheffe
Articles sur le thème

«L’élevage d’animaux blesse nos convictions éthiques»

Pour boire du lait et manger de la viande, nous maltraitons et abattons des animaux. Le plaisir tient-il à la liberté? Les nombreux substituts de viande révèlent-ils la survenance d’un changement de mentalité dans la relation entre humains et animaux? Nous avons posé ces questions à Friederike Schmitz, philosophe et défenseuse de la cause animale.

06.12.2021 par Esther Banz

Féveroles et lupins au lieu de cervelas et poulet

Alors que l’alimentation végétarienne est en plein essor, l’agriculture suisse produit surtout de la viande. Par tradition, en raison de sa topographie … et parce que la Confédération la subventionne pour cela. Comment changer cet état de fait?

06.12.2021 par Daniel Bütler

Henry veut vivre

Sur les quelque 50000 exploitations agricoles restantes en Suisse, plus de 70 se sont converties à l’agriculture végane ces dernières années. Elles renoncent à élever et à mettre à mort des animaux dits «de rente». Promenade avec Sarah Heiligtag, initiatrice du mouvement, éthicienne et agricultrice.

06.12.2021 par Esther Banz

Les animaux sont politiques

De nombreuses initiatives pour le bien-être animal ont vu le jour, en Suisse alémanique surtout. À l’œuvre, des associations spécialisées dans la protection des animaux, d’un côté et de l’autre, des militant-e-s qui veulent dépasser le choix individuel lié à l’alimentation végétale. Leurs buts convergent: amener la cause animale dans le débat politique.

06.12.2021 par Muriel Raemy

«Je tente d’imaginer d’autres futurs possibles avec les animaux»

Chevaux, chiens, chèvres, cochons, ânes, poules, enfants et adultes humains cohabitent sur le grand domaine de l’école-atelier Shanju, installée à Gimel, dans le Parc naturel régional Jura vaudois. Sa fondatrice, Judith Zagury, dirige également le Shanju-Lab, le pôle de recherche scientifique et de création artistique avec les animaux.

06.12.2021 par Muriel Raemy

Micro-organismes et biologie de synthèse

L’humain est-il en droit d’exploiter des formes de vie en s’intéressant non pas à elles, mais uniquement à ce qu’elles produisent ? Si ces êtres vivants sont des micro-organismes, la réponse est tout naturellement « oui ». Mais qu’en est-il de la révolution silencieuse dans les industries pharmaceutique et alimentaire ?

06.12.2021 par Roland Fischer
en ligne uniquement

Les placements doivent respecter aussi les animaux


Article de la BAS

Les placements de la BAS respectent la nature, et le bien-être des animaux en est un aspect important. L’élevage industriel et les autres activités incompatibles avec la protection des espèces constituent des motifs d’exclusion. Le service Analyse d’entreprises de la BAS y veille.

06.12.2021 par Pieter Poldervaart

«Le bien-être des animaux devrait être une évidence.»


Article de la BAS

Converti au label biologique depuis cinq ans, Christian Hofer se tourne depuis peu vers l’agriculture régénératrice pour, à terme, ne plus avoir à labourer les sols qu’il cultive. Il surveille de près le cycle sensible de l’azote, auquel participent activement les vaches qu’il élève sur son domaine à Mont-sur-Rolle (VD).

06.12.2021 par Muriel Raemy

«Je suis fier de ce que nous avons accompli ensemble»


Article de la BAS

Membre de la direction générale de la BAS depuis 2013, Michael Diaz est à la tête du secteur Placement. Il quittera la Banque fin février 2022 pour de nouveaux horizons. Dans cette entrevue d’adieu, il revient sur neuf années bien remplies.

06.12.2021 par Katharina Wehrli

Rendre les grandes entreprises plus durables


Article de la BAS

Pour la BAS, être membre de l’association Actares est essentiel afin d’entrer en dialogue avec de grandes entreprises suisses. L’organisation à but non lucratif exerce ce que l’on appelle un «engagement» vis-à-vis des firmes, pour les inciter à devenir plus durables. Mais comment procède-t-elle au juste? Tour d’horizon avec Karin Landolt et Roger Said, codirectrice et codirecteur d’Actares.

06.12.2021 par

Bouclement des comptes d’encouragement pour le financement du développement avec Oikocredit


Article de la BAS

Depuis 2016, les investisseuses et investisseurs de la BAS peuvent soutenir les populations défavorisées dans des pays en développement ou émergents par l’intermédiaire d’Oikocredit. Le partenariat conclu entre la coopérative d’investissements socialement responsables et la BAS va prendre fin, et les comptes d’encouragement seront bouclés au 31 mars 2022. Les personnes intéressées pourront continuer à financer Oikocredit. Rico Travella, responsable du marketing et de la communication à la BAS, s’est entretenu des raisons de ces changements avec Silvio Krauss, directeur d’Oikocredit pour la Suisse alémanique.

06.12.2021 par