moneta: Monsieur Perrez, la Convention sur le mercure de 2013 a-t-elle servi de modèle à l’Accord de Paris sur le climat conclu en 2015? Ce dernier ne contient-il pas aussi des mesures volontaires et contraignantes?
Franz Perrez: Oui, dans la mesure où l’Accord de Paris évite d’établir une distinction stricte entre pays industrialisés et en développement; tous les États doivent réduire leurs émissions. Il est toutefois précisé que la charge et la capacité diffèrent entre États. Une telle approche remonte à la Convention de Minamata.
Les États signataires de l’Accord de Paris sur le climat doivent seulement fournir un rapport régulier de leurs progrès sur la question du climat. L’accord est-il «plus souple» que la Convention de Minamata?
C’est exact. La Convention de Minamata stipule des interdictions et des règles concrètes sur l’utilisation du mercure, chose impossible avec l’Accord de Paris sur le climat. Avec lui, les pays doivent simplement définir des objectifs climatiques et rendre compte de leur réalisation.
Quels enseignements tirez-vous de la convention pour les négociations futures sur le climat?
La Convention de Minamata exige que chaque pays puise dans ses propres ressources financières afin de résoudre ses problèmes liés au mercure, mais les États qui en ont les moyens sont encouragés à soutenir les plus pauvres. Nous n’en sommes pas aussi loin dans les négociations sur le climat: seuls les pays industrialisés doivent apporter un soutien financier.
La conférence des Nations unies sur le climat prévue en novembre 2020 à Glasgow a été reportée d’une année à cause du coronavirus. Faudra-t-il patienter longtemps avant de concrétiser l’Accord de Paris?
Dans le domaine des mécanismes de marché – c’est-à-dire la mesure dans laquelle un pays peut comptabiliser les réductions d’émissions à l’étranger –, nous n’avons pas encore défini les modalités de mise en œuvre. Il y a du retard sur ce point, ce qui est de mauvais augure pour la concrétisation de l’Accord de Paris.