Rendre la politique tangible
La voie vers une jeunesse politiquement intéressée et engagée semble toute tracée. Qu’en est-il concrètement? «La situation s’est améliorée ces dernières années, mais elle reste insatisfaisante», estime Carol Schafroth. En partie parce que beaucoup des compétences requises ne peuvent s’enseigner en frontal. La participation politique, par exemple, doit devenir tangible: on peut ainsi instaurer un conseil de classe et laisser les élèves participer aux décisions sur différents sujets. Carol Schafroth considère que le programme scolaire Lehrplan 21 pose les bases de ce type d’éducation politique en Suisse alémanique. Dans les hautes écoles pédagogiques, toutefois, seule une minorité des futures enseignantes et futurs enseignants acquiert les outils nécessaires. Cela doit changer! Sans oublier qu’un enseignement participatif implique davantage de travail. «Pour le moment, ça dépend beaucoup de chaque prof, de son intérêt et de sa motivation pour le sujet», éclaire Mme Schafroth. Certaines et certains se contentent d’enseigner l’éducation civique au sens classique du terme.
Premières expériences démocratiques au conseil de classe
Au cours de la visite de l’hôtel de ville avec sa classe de sixième, Chris Pfeifer glisse qu’il connaît cette situation. Pour lui, le sujet demeure lacunaire dans les hautes écoles pédagogiques, mais il observe qu’à Bâle, en tout cas, les conseils de classe et parlements d’élèves deviennent la norme dans de nombreux établissements scolaires. «Une difficulté tient à l’intégration du conseil de classe dans le programme au détriment d’autres matières.» Voilà qui dissuade sans doute certains membres du corps enseignant de se lancer dans l’aventure. L’expérience de M. Pfeifer serait plutôt positive: «Nous profitons de ce moment pour revenir sur la semaine écoulée, discuter des préoccupations des élèves et réattribuer les tâches.» Le conseil de classe permet aussi de déterminer quels points les deux membres du Parlement des élèves devront y aborder.